Description
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Élaborée par un groupe de chercheurs coordonnés par Claire Bidart, cette enquête longitudinale par panel étudie les parcours de vie et la dynamique des réseaux sociaux, ainsi que leurs interdépendances, à un moment particulier de la socialisation, au long des transitions vers la vie adulte. Elle porte sur un groupe de jeunes originaires de la région de Caen en Normandie, composé initialement de 87 personnes âgées de 17 à 23 ans, pour moitié filles et pour moitié garçons, alors en classe de terminale de bac « économique et social » ou de bac professionnel, ou en stage d’insertion. Sur les 20 années qu’a duré l'enquête, le panel est interrogé une première fois en 1995 puis réinterrogé à 5 reprises : en 1998, 2001 et 2004, successivement 73, 66 et 60 de ces jeunes ont à nouveau participé à l’enquête ; la 5ème vague, en 2007, porte uniquement sur 49 enquêtés ayant des enfants ou connu des réorientations importantes dans leur vie ; la 6ème et dernière vague, en 2015, porte uniquement sur 21 usagers de Facebook. Fondée sur un dispositif de méthodes mixtes, l’enquête articule de manière novatrice approche quantitative et approche qualitative. L’approche quantitative, classiquement usitée en analyse de réseaux, est mise en œuvre via des questionnaires qui permettent de retracer les trajectoire des enquêtés, mois par mois sur des calendriers, en cumulant les informations dans les domaines professionnel, familial, amoureux, résidentiel, associatif et en repérant l’ensemble des événements importants survenus depuis la précédente interrogation. Grâce à des générateurs de noms est également reconstruit le réseau personnel pour voir comment il évolue en fonction des transitions vers l’âge adulte et des événements moins prévisibles qui se produisent. Des entretiens qualitatifs permettent de discuter les événements et changements biographiques et relationnels qu’ils ont connus. Les informations récoltées sur les enquêtées sont riches - la passation des questionnaires et des entretiens se déroule sur un temps long (plusieurs heures à chaque interrogation). L’enquête est pionnière en France à la fois sur le plan méthodologique et quant à la manière de saisir l’objet de recherche. Elle repose sur du longitudinal long, ce qui reste rare. Elle mobilise également une approche qualitative riche, ce qui est également rare dans ce type de recherche puisqu’on dispose d’un récit approfondi sur les relations articulé au récit biographique. Elle étudie des réseaux beaucoup plus étendus que d’autres enquêtes (37 Alter en moyenne, contre 5 ou 10 ALTER habituellement). L’analyse de réseau, multidimensionnelle, saisit ensemble des domaines qui sont généralement traités séparément - l’entrée dans la vie adulte, la carrière professionnelle résidentielle, affective et familiale, etc. Une autre particularité est qu’elle intègre un nombre significatif de membres de classes populaires, les enquêtes de ce type sous-dimensionnant souvent cette catégorie de population. Les données collectées reposent d’une part sur une exploitation systématique des informations recueillies dans les questionnaires, et d’autre part sur une exploitation des entretiens, qui ont servi à vérifier, préciser ou recontextualiser ces informations. Ces dernières ont été standardisées, recodées, et intégrées dans une base de données ayant rendu possible divers traitements statistiques (analyses de réseaux, analyses de séquences, etc.). Les données mises à disposition comportent notamment plus de 300 transcriptions d'entretiens ainsi que 4 fichiers quantitatifs comptant des variables portant aussi bien sur les panélistes eux-mêmes que sur les membres de leur entourage (soit plus de 11 700 alter). Grâce à cet ensemble très important de données Claire Bidart et ses collègues interrogent notamment la dynamique des parcours, les processus biographiques, les changements de projets, les bifurcations, la construction et l’évolution des rapports au travail, la vie de couple, la famille, les modes de sociabilité, ainsi que la création et l’évolution des relations avec leur entourage, la structuration et les transformations de leur réseau personnel. L’enquête a donné lieu à des nombreuses publications (le plus souvent collectives), et, avant même leur dépôt, à de nombreuses analyses secondaires. Elle présente un important potentiel de réutilisation sur les thèmes initiaux de la recherche, beaucoup ayant été sous-exploités par manque de temps et du fait de l’extrême richesse des données (par exemple, les cercles sociaux) mais aussi sur d’autres approches comme l’analyse géographique des réseaux.
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