Le Commissariat à l'Énergie Atomique (CEA/IPSN/LSEES) et Électricité de France (EDF/DER) ont développé de concert, dans les années 1975, une recherche sur les ressorts du débat nucléaire. Elle a conduit à la mise en place en 1977 d'un système très particulier d'enquêtes et à la création de l'association Agoramétrie (Jean-Pierre Pagès et Karl Van Meter). Les 29 enquêtes nationales réalisées entre 1977 et 2005, dans le même esprit et en respectant les mêmes procédures, ont permis de constater que le débat public, sur l'ensemble des thèmes qui font controverse au niveau national, s'organise toujours, quelle que soit l'époque, autour des mêmes structures. Trois périodes doivent être distinguées dans la recherche menée au nom d'Agoramétrie : - 1974-1976 : la période « Héroïque ». Des petites enquêtes par entretien et par sondage sur l'opinion et le nucléaire ont été menées par le Laboratoire de Statistiques et d'Etudes Economiques et Sociales (CEA/IPSN/LSEES) en relation avec l'Institut de Statistique des Universités de Paris (ISUP) et l'Université de Grenoble. Ce sont ces enquêtes préliminaires, dont les données ne sont pas disponibles, qui sont à l'origine de la création d'Agoramétrie et de la mise en place de son système d'enquêtes. Il était apparu que le nucléaire était, au niveau des opinions, loin d'être une énergie comme les autres. Étant l'objet d'une controverse politico-médiatique, il devait être analysé par comparaison, non pas avec les autres énergies, mais avec les autres controverses qui agitaient au même moment l'espace public. Au delà des opinions sur le nucléaire et de leur évolution, la compréhension du débat public autour de tout ce qui fait controverse a donc été retenue comme principal objectif de la recherche à Agoramétrie. Inspirée des travaux de Gabrielle Tarde et de Pierre Bourdieu, l'approche du débat public alors empruntée peut être qualifiée de « structuralo-constructiviste ». - 1977-1991: la période « Structures de l'opinion publique ». Les 13 enquêtes annuelles qui ont été réalisées (les données recueillies lors de la petite enquête de juin 1981 ont été perdues) portent en priorité sur le débat public autour de l'ensemble de toutes les controverses politico-médiatiques. Il s'agit d'en étudier les structures. Le nombre d'entretiens, d'une durée moyenne d'une demi-heure, varie entre 1 000 à 2 000 environ d'une enquête à l'autre. Ce sont les structures dégagées en mars 1981 qui ont servi par la suite à Agoramétrie de « structures de référence » : pour se « recaler » sur ces structures, la « méthode de la greffe » a été mise au point. - 1992-2005: la période « Baromètre nucléaire ». Suite aux bons résultats obtenus entre 1977 et 1991, une place beaucoup plus grande a été réservée aux opinions sur le nucléaire dans les questionnaires des 16 enquêtes qui ont été réalisées entre mars 1992 et décembre 2005. Il faut distinguer ici deux types d'enquêtes : 1. Les enquêtes « approfondies » (enquêtes « point zéro » ou « de recalage ») qui permettent de replacer toute controverse, dont le nucléaire, dans les structures extraites précédemment. Faites environ tous les cinq ans, elles reposent sur 2 000 entretiens environ, d'une durée moyenne de une heure. 2. Les enquêtes légères ou « de suivi » qui comptent deux fois moins d'entretiens, de durée moyenne deux fois moindre. Si les questionnaires évoluent d'une enquête à l'autre, des précautions sont prises pour éviter autant qu'il est possible les « effets de halo ». L'enquête « Les structures de l'opinion 1977 » est la première enquête du dispositif (hors enquêtes préliminaires). Elle prend en compte 56 controverses politico-médiatiques, 24 arguments nucléaires et 21 propositions sur l'image des services publiques. Le sondage est réalisé par la SECED qui a la responsabilité des interviews (1000 interviews réalisées).
In 1975, the Atomic Energy Commission (CEA/IPSN/LSEES) and Électricité de France (EDF/DER) together developed research on the ebbs and flows of the nuclear debate. This led in 1977 to the establishment of a very specific set of surveys and to the creation of the Agoramétrie Association (Jean-Pierre Pagès and Karl Van Meter). The 29 national surveys conducted between 1977 and 2005, from the same perspective and using the same procedures, led to the conclusion that public debate – about every topic that attracts nationwide controversy, and regardless of the era – is always organised around the same structures. The research conducted on the part of Agoramétrie can be divided into three periods: 1974-1976: the “Heroic” period. Small surveys based on interviews and opinion polls on nuclear power were conducted by the Laboratory of Economic and Social Statistics and Studies (CEA/IPSN/LSEES) together with the Paris Universities Institute of Statistics (ISUP) and the University of Grenoble. It is these preliminary surveys, for which the data are not available, that led to the creation of Agoramétrie and the establishment of its system of surveys. It had become apparent that nuclear power was, for public opinion, much more than just another source of energy. As a subject of politico-media controversy, it needed to be analysed not by comparison with other energy types, but by comparison with other controversies that were stirring up public debate at the same time. Beyond people’s changing opinions about nuclear energy, understanding the public debate around all sources of controversy thus became the main objective of research at Agoramétrie. Inspired by the work of Gabrielle Tarde and Pierre Bourdieu, the approach to public debate thus adopted can be described as “structural-constructivist”. 1977-1991: the “Structures of Public Opinion” period. The 13 annual surveys that were conducted (the data collected in the small survey of June 1981 have been lost) primarily focus on the public debate around politico-media controversies as a whole, for the purpose of studying study their structures. The number of interviews, lasting an average of half an hour, varied between 1000 to 2000 from one survey to another. It was the structures identified in March 1981 that were subsequently used by Agoramétrie as “reference structures”: in order to “realign” with these structures, the “graft method” was developed. - 1992-2005: the “Nuclear Barometer” period. Following the good results achieved in 1977 and 1991, a much greater role was assigned to opinions on nuclear power in the questionnaires for the 16 surveys conducted between March 1992 and December 2005. Two types of survey need to be distinguished here: 1. “In-depth” surveys (“point zero” or “reset” surveys) used to re-situate any controversy, including the nuclear controversy, within the previously identified structures. Conducted approximately every five years, they were based on around 2000 interviews lasting an average of one hour. 2. Light or “tracking” surveys, consisting of half as many interviews, each lasting an average of half an hour. While the questionnaires changed from one survey to the next, precautions were taken to as far as possible avoid “halo effects”. The “1977 Opinion Structures” survey is the first survey in the set (excluding preliminary surveys). It covers 56 politico-media controversies, 24 nuclear arguments and 21 suggestions on the image of the public services. The poll was carried out by SECED, which was responsible for the interviews (1000 interviews conducted).